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Lettre du Président

  Chers amis de Malinia, adhérents actifs ou non, sympathisants et donateurs,

 

                                Quelques réflexions de votre (nouveau) président pour nous interroger sur le sens et le pourquoi de l'action humanitaire, sur les raisons du désir qui la fondent, sur sa logique et ses motivations, sur ses buts et sa finalité . Indéfiniment la question reviendra comme si les réponses successives n'étaient jamais les bonnes ou plutôt comme si l'essentiel n'était pas dans les réponses mais dans le questionnement , comme si l'action humanitaire n'avait pas de réponse définitive parce que jamais de bonne réponse durable. On pourrait dire que l'essentiel vient de son questionnement incessant sur l'humanité, sur ce qu'elle devrait être . Ainsi sont posées les questions, tout à la fois sur l'organisation de nos sociétés, sur le sens des valeurs qui fondent nos équilibres et plus fondamentalement notre relation à l'autre.

 

                                Aujourd'hui, il me semble que les valeurs de l'action humanitaire apparaissent comme les ultimes valeurs crédibles, alors que bien des systèmes de référence se sont opposés, combattus, détruits et ainsi sont devenus caducs. Il nous apparaît banal aujourd'hui, de constater que nos sociétés génèrent leurs inégalités, leurs exclusions, leurs rejets et leurs silences.

 

                                Nous aurions voulu croire, avec la logique du développement économique, à celle d'une plus grande équité, d'un plus grand respect de la personne. Il n'en a rien été. L'exacerbation des nationalismes, la crise économique mondiale jusque dans les pays les plus riches, ont mis à bas les idéologies comme référence d'un développement harmonieux possible des relations entre les hommes. Il n'y a plus de système idéal et les responsables politiques décident aujourd'hui, sous la pression énorme du marché, en s'excusant de ne pouvoir faire mieux et en assurant, non pas que leur choix est le bon, mais qu'il est le moins mauvais possible.

 

                                Or, nous ne pouvons fonder un projet de vie que par rapport aux autres hommes et au sein d'une société qui offre des valeurs dans lesquelles ils puissent se reconnaître. Il n'y a ainsi de choix d'humanité que par rapport à l'autre.

 

                                Le désir d'humanitaire est ainsi d'abord un besoin d'Humanité. Il n'est pas, contrairement à ce que l'on pourrait croire, une démarche altruiste mais bien un besoin de se reconnaître soi-même, d'exister soi-même à travers et par la reconnaissance de la communauté des humains. Il est rassurant, sans doute, de constater que dans un monde où les conflits sont dévastateurs et proches, jamais la pensée ou l'action humanitaire n'ont joui d'une telle audience, d'une telle aura, d'une telle exemplarité, puisque les secours se multiplient.

 

                                On aurait pu imaginer qu'à trop voir le malheur et les atrocités, il y aurait eu rejet d'une telle souffrance et qu'on se serait refermé sur soi. Or il n'en est rien. Et le questionnement, ce questionnement qui aiguillonne sans cesse la réflexion humanitaire, s'emballe à nouveau à chaque conflit, à chaque barbarie, comme un nouvel étonnement et pour une indignation neuve et intacte.

 

                                Pourquoi tant d'exclus de la parole, du savoir, du simple accès à la nourriture et à l'eau potable ? Quels sont les mécanismes pervers à l'œuvre dans nos sociétés, qui se disent démocratiques, qui génèrent autant d'inégalités ? Nous avons besoin de comprendre, car l'action humanitaire ne se réduit pas à faire la charité. Aussi, assurer « seulement » la survie d'un groupe humain en danger ne peut satisfaire pleinement notre désir d'humanitaire. Bien sûr, il y a toujours l'urgence, il y a des vies à sauver et qu'importe le prix si ces vies sont sauvées . L'ingérence fut naturelle et les professions de la santé, plus vite que d'autres sans doute, parce que cela dépendait de leur mobilisation immédiate, ont compris qu'il fallait savoir partir sans attendre , sans attendre d'avoir tout compris, sans attendre les autorisations officielles, comme un devoir évident.

 

                                Pourtant, l'action humanitaire n'est pas, et n'a pas à être une spécificité médicale.

La possibilité d'aider ou de sauver concerne chaque citoyen, chaque individu face à l'intolérance, l'injustice, la souffrance ou le malheur des autres.

 

                                Il y a là comme une responsabilité inaliénable parce que les mécanismes qui produisent cette violence et ce malheur ne relèvent pas du hasard. Ils procèdent d'une logique institutionnelle, de règles connues ou non de nos sociétés . Il n'y a jamais de hasard à être du côté du bourreau ou de la victime et il n'est pas sûr qu'il y ait un espace entre les deux. Jamais de hasard, non plus, à être du côté des silences soumis ou de celui des refus tapageurs. Il faut nécessairement choisir.

 

                                Et ce choix doit revêtir la forme d'un engagement.

 

                                                                                                                                                                                                                               Claude Boursin,

                                                                                                                                                                                                                            Président de Malinia